Jusqu’à la seconde moitié du 19ème siècle les Hittites demeurent une civilisation inconnue dont il ne reste que des rares mentions dans la Bible. En 1834, Charles Texier découvre le site de Bogazköy et le sanctuaire de Yazilikaya, tandis que William John Hamilton découvre celui d’Alaca Höyük en 1835, sans qu’ils ne sachent ni l’un ni l’autre que ce sont des villes hittites. L’archéologue français Georges Perrot entreprend les premiers travaux scientifiques sur ces sites d’Anatolie centrale et effectue les premiers sondages archéologiques notamment sur le site d’Alaca Höyük. Ernest Chantre prend la suite de ces recherches au cours des années 1890 et découvre les premières tablettes écrites en cunéiforme des archives royales.
Au début du 20ème siècle, une meilleure compréhension des Hittites est rendue possible grâce aux fouilles allemandes dirigées par Hugo Winckler dès 1906 et au déchiffrement de leur langue par Bedrich Hronzny en 1915.
Entre 1911 et 1913, le baron allemand Max Von Oppenheim fouilla Tell Halaf, un site situé près de l’actuelle frontière turco-syrienne et, il y découvrit le palais du roi araméen Kapara. Les sculptures monumentales qui ornaient le palais furent ramenées à Berlin et exposées en 1930 ; malheureusement, elles connurent un destin tragique durant la seconde guerre mondiale et furent fortement endommagées par les bombardements. Cependant, un incroyable travail de restauration a permis de reconstituer ces sculptures à partir des 27 000 pièces retrouvées.
Ces témoins (tablettes, bijoux, statue, stèle, orthostates…) ainsi que que les vestiges de Tell Halaf sont exposés pour la première fois en France, au musée du Louvre. Une occasion unique pour les visiteurs de découvrir l’Empire hittite, grande puissance rivale de l’Egypte ainsi que les états néo-hittites et araméens. (Les Etats néo-hittites et araméens sont des entités politiques nées des ruines de l’empire en Anatolie et en Syrie. La ville de Karkemish (détruite en 605 avec JC) était la plus importante colonie hittite en pays syrien. C’était avec Alep, l’un des deux sièges de vice-royauté de l’Empire.)
L’exposition est saisissante, les pièces exposées- dont « Orthostates » à l’entrée, œuvre contemporaine d’une artiste libanaise (Rayyane Tabet)- sont incroyables et témoignent de la grandeur des civilisations environ 1500 ans avec JC mais aussi des efforts continuels pour préserver le patrimoine en péril.
Royaume Oubliés
De l’empire hittite aux Araméens
Du 2 mai au 19 août 2019
Musée du Louvre