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12 septembre 2001. Au lendemain des attaques terroristes qui ont dévasté les Etats-Unis et bouleversé le monde entier, un téléphone sonne sans discontinuer. Le rideau se lève sous la poussière caractéristique de cette journée new yorkaise, une brume dissimulant un amour interdit, celui de cet homme et de cette femme dont nous allons suivre l’histoire. Elle (Marie Christine Letort), dirigeante de son service, lui (Xavier Gallais), cadre dynamique, marié, deux enfants. Alors que ce dernier aurait dû se rendre à un rendez-vous dans les Tours Jumelles la veille, la Providence a fait qu’il décide de venir la voir, elle, sa maîtresse. Puisqu’il est rescapé de l’attentat le plus meurtrier qu’ait connu la ville, une idée folle lui vient en tête : pourquoi ne pas disparaître, se réinventer une identité afin de vivre leur amour au grand jour ?


Tel est le propos de « Providence » de Neil LaBute (adaptation et mise en scène par Pierre Laville) qui se joue jusqu’au 12 mai 2018 aux Déchargeurs. L’auteur est parti d’un constat réel : des dizaines de personnes (en particulier des hommes) ont essayé de profiter de la confusion des attentats pour fuir une vie qui ne leur correspondait plus. Là dessus, il crée ses deux personnages, loin du cliché habituel : ici, c’est la femme qui est plus âgée et domine hiérarchiquement un homme qui se sent parfois rabaissé sur le plan professionnel. Le contexte de la pièce les plaçant en situation de crise, ils vont dévoiler de façon exacerbée leurs sentiments, leurs envies, leurs frustrations, leurs doutes, leurs craintes, leurs joies. Faut-il partir pour mieux se reconstruire ou assumer la vérité « toute nue » afin d’avancer ensemble sur le même chemin ? Un amour peut-il durer s’il est basé sur un mensonge ? Tout quitter est-il une preuve d’amour ? Par toutes ces questions que pose la pièce, on comprend qu’au-delà des événements dramatiques qui servent de contexte, ce sont surtout les rapports humains qui se retrouvent au cœur de l’action.


On notera la performance des deux acteurs qui campent parfaitement leurs personnages. Par son apparente froideur, Marie Christine Letort dégage une certaine force. Elle nous donne à voir un femme de caractère qui, malgré la situation intérieure et extérieure compliquée, garde la mesure des choses. Elle porte les douleurs de la femme mal aimée toujours dans l’attente avec beaucoup de vérité et de pudeur. Xavier Gallais, quant à lui, (qui avait déjà joué ce rôle auparavant) présente un personnage à la fois nonchalant et indécis, perdu dans ses mensonges et son désir d’ailleurs. Il apporte une touche de folie à la pièce, tantôt charmeur, tantôt fragile, tantôt dominant. Par le jeu des rapports de force de leurs joutes verbales (peut-être parfois un peu répétitives), ils cherchent l’un comme l’autre leur place dans leur couple, dans la société, dans la vie, sur cette Terre, mais aucun des deux n’est réellement à sa place. La fin de la pièce leur permettra peut-être de retrouver un équilibre…


« Providence » est une pièce intrigante et touchante sur un sujet d’actualité. Les comédiens y sont une véritable valeur ajoutée.


Jusqu’au 12 mai 2018

Les Déchargeurs (Salle Vicky Messica), 3 rue des Déchargeurs, RDC Fond Cour, 75001 Paris

http://www.lesdechargeurs.fr/spectacle/providence

Tarifs : de 13€ à 26€

Durée : 1h30


Article : Audrey

08/05/2018

audrey@laruedubac.fr



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