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Une table, deux chaises, un cendrier, deux frères. Voilà le décor planté pour « Dépendances » de et par Charif Ghattas au Studio Hébertot jusqu’au 29 avril. La scène commence alors qu’il est 14h. Henri (Thibault de Montalembert) et Tobias (Francis Lombrail) attendent Carl, leur frère, qui est en retard. Ils doivent décider ensemble de ce qu’ils vont faire de l’appartement familial, celui de leur enfance, rempli de souvenirs. Tout les oppose. Henri a toujours été « celui du milieu », qui réglait les différends entre ses frères, plus volcaniques. Tobias, rempli de rage et d’amertume ne tolère pas la situation et semble vouloir se rattacher à cet appartement, comme le symbole d’un temps passé, un temps perdu à jamais.


C’est à ce « huis-clos familial » que nous assistons. On apprend comment la réunion de deux êtres si différents peut mener à une union des cœurs, par un passé et une douleur commune. Ils conversent pour tuer le temps, à grand renfort de joute verbale, de petites piques. Ils se redécouvrent, se mentent, se dissimulent, se confient parfois. A travers cet échange entre deux frères qui ne se sont pas vus depuis un moment, ce sont deux personnalités qui se cachent qui apparaissent. Chacun a fait sa vie, loin de l’autre mais ils sont rattrapés par leurs liens fraternels. On notera l’importance des silences, si éloquents dans cette pièce. Des silences parfois plus lourds que certaines paroles, tant la pudeur des personnages y est lisible. On a parfois l’impression d’être de trop tant l’intimité entre les deux personnages est forte.


Un texte comme celui-ci ne peut qu’être servi par des comédiens au sommet de leur art. C’est le cas avec Thibault de Montalembert (« Dix pour cent ») et Francis Lombrail (« Douze hommes en colère »). Ils ne jouent pas les personnages, ils les incarnent littéralement, ils en sont habités jusque dans les mimiques, la gestuelle et les regards. Ils sont tantôt drôles, tantôt grinçants, tantôt rageurs, tantôt tristes. Le public les suit avec une indiscrétion totale. L’essentiel de la mise en scène est centré sur eux. Ils portent le texte par une sincérité de jeu rare. Pas de fioriture, ni de jeu de lumières précis. On nous donne à voir une tranche de vie, qui nous renvoie parfois à certaines querelles familiales connues de chacun d’entre nous.


« Dépendances » est une pièce profonde servie par des acteurs exceptionnels qui laissent une partie de leur âme sur la scène. On en ressort un peu déboussolés par la chute finale.


Jusqu’au 29 avril 2018

Au Studio Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, 75017 Paris

https://theatrehebertot.com/dependances/

Durée : 1hH20

Tarifs : De 10€ à 28€


Article : Audrey

26/04/2018

audrey@laruedubac.fr



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