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« Pub Royal »

au Grand Rex

Du 12 au 14 avril, le Grand Rex a accueilli « Pub Royal », la comédie musicale écrite à partir des chansons du groupe québécois Les Cowboys fringants. Très populaire dans la Belle Province, ce groupe, qui a débuté sa carrière en 1994, interprète des titres très représentatifs de la culture québécoise. En novembre 2023, le groupe est marqué par le décès de Karl Tremblay, son chanteur. C’est donc avec beaucoup d’émotion que le spectacle est arrivé en France avant un retour au Québec en mai.  



Le rideau se lève sur l’énigmatique Siriso, vêtu de noir, qui nous accueille dans son bar, le Pub Royal, en bon maître de cérémonie. Accompagné d’une troupe de danseurs et circassiens (du collectif les 7 doigts de la main), il nous présente les lieux en nous souhaitant la bienvenue. Tout d’un coup, entre Jonathan Doyer, courtier en assurances, qui vient d’avoir un accident de voiture et souhaiterait appeler une dépanneuse. Il va rencontrer alors une galerie de personnages hauts en couleurs : Loulou et la Catherine, serveuses au Pub Royal, Johnny Flash, ancien rockeur, Yves et Normand, respectivement ouvrier et camionneur au chômage. Et Jonathan n’est pas au bout de ses surprises… 


Pour décrire l’atmosphère du « Pub Royal », il faut d’abord parler de la mise en scène et des chorégraphies époustouflantes menées par les danseurs et artistes de cirque. Le décor représente un bar comme on peut tous imaginer, avec des escaliers sur la droite, un grand comptoir, des affiches sur les murs, un miroir en fond de scène. Dans cet univers, les artistes évoluent, en faisant virevolter les tables, les chaises, en bougeant les décors au rythme des chansons. On découvre également un mât chinois sur la gauche du plateau. Au fil du spectacle, chanteurs, danseurs et circassiens s’approprient cet espace avec tellement de force et de talent qu’on en oublie parfois qui fait partie de l’ensemble et qui est soliste. Car en effet, ce spectacle réussit la prouesse souvent rêvée de faire danser les chanteurs et chanter les danseurs. Et c’est un réel succès. A cela, s’ajoutent les numéros incroyables effectués par les artistes de cirque, qui s’intègrent parfaitement aux chorégraphies et à l’histoire. C’est brillant et magistral. Rares sont les shows qui mêlent ces différents arts (on se souvient du magnifique « Love Circus » aux Folies Bergère en 2015) et pourtant c’est une véritable valeur ajoutée à « Pub Royal » : voir ces artistes partager la scène en chantant, dansant et faisant des acrobaties ajoute à l’étrangeté du lieu dans lequel Jonathan est tombé. Le récit joue là-dessus et cela fonctionne parfaitement ! On en a plein les yeux et on ne sait plus où regarder. Ce spectacle, qui se qualifie lui-même d’anti comédie musicale, nous donne à voir quelque chose d’inédit sur scène puisque les danseurs et circassiens sont intégrés à l’histoire, non pas de façon accessoire, mais de façon à ce que chacun y apporte sa petite touche. 


L’histoire justement est véritablement bien ficelée. Sans rien « divulgâcher » comme diraient les québécois, elle joue avec le public, de façon à le faire réfléchir et s’amuse avec ses attentes pour mieux les contourner. Les personnages viennent de l’univers des titres des chansons des Cowboys fringants. Les spectateurs avertis reconnaîtront les clins d’œil avec notamment la Catherine, héroïne du titre « Pub Royal », dont la mise en scène et l’interprétation nous ont époustouflés. Ils réussissent même à donner vie à la chanson « La traversée » qui se passe sur un bateau par des jeux de voiles et d’écrans en fond de scène. On se retrouve aussi transporté dans le camion de Normand par d’habiles utilisations de lumières ou d’images vidéo. Tout est organisé pour rendre honneur à l’histoire et ça marche parfaitement. Les dialogues sont réfléchis, avec des pointes d’humour, de façon à amener les chansons avec fluidité et sans l’aspect artificiel de certains spectacles jukebox. On se prend au jeu des personnages, qu’on suit avec plaisir et qui ont tous quelque chose qui nous intrigue. 


Les chansons sont particulièrement entrainantes. Même sans connaître l’œuvre des Cowboys fringants, on se laisse porter par l’ambiance festive que de nombreux titres propagent. On retient évidemment l’ouverture extraordinaire avec « Bienvenue chez nous », la mélancolie de « Shooters », la douceur des « Maisons toutes pareilles », la tristesse de « La fin du show » (qui rappelle le décès récent du chanteur du groupe)… Certains morceaux ont été créés spécialement pour l’occasion, d’autres sont des classiques des Cowboys fringants (comme « Les étoiles filantes » repris en rappel) et d’autres enfin sont un peu plus confidentiels. Le public se montre acteur du show, applaudit, chante, participe. On a rarement vu une telle ambiance dans un spectacle musical. On sentait véritablement une joie sincère chez les spectateurs qui ont réservé à la troupe un accueil inoubliable, chantant encore, même lorsque les lumières se rallument pour rappeler les artistes sur scène. Plus de 10 à 15 minutes de rappel et une audience qui continue à chanter dans les couloirs ou devant la salle de spectacle. C’était vraiment incroyable et indescriptible ! Jamais nous n’avions vu une telle ferveur pour un show de ce genre. 


Enfin, on ne peut que saluer la performance des artistes chanteurs qui interprètent avec brio et sincérité leurs rôles. Malgré un accent québécois très prononcé et un son pas toujours très précis au Grand Rex, nous nous laissons porter par la voix et le jeu des chanteurs qui prennent plaisir sur scène à partager l’histoire racontée. A en voir les visages embués en fin de show et les messages sur Instagram, l’accueil parisien a été très apprécié par cette équipe qui ne s’attendait pas à de tels retours. 


« Pub Royal » est une magnifique découverte, aussi bien du point de vue musical que visuel et chorégraphique. On en ressort conquis et plein d’énergie. Un grand bravo à toute l’équipe et au plaisir de retourner chez vous !


Une production La Tribu et Les 7 doigts de la main

Chansons : Les Cowboys Fringants

Auteur du livret et metteur en scène : Sébastien Soldevila

Paroles et musique : Jean-François Pauzé

Auteur des dialogues : Olivier Kemeid

Chorégraphe : Geneviève Dorion Coupal

Directeur musical : Daniel Lacoste

Scénographe: Olivier Landreville

7 acteurs/chanteurs - actrices/chanteuses : Richard Charest, Martin Giroux, Alexia Gourd, Kevin Houle, Émilie Josset, Christian Laporte et Yvan Pedneault.

7 danseurs/danseuses : Sunny Boisvert, Danny Amaral De Matos, Kennedy Henry, Merryn Kritzinger, Éric Olivier, Valérie Rochette et Gabrielle Roy.

6 artistes de cirque : Michael Carter, Victor Crépin, Marie-Eve Dicaire, Theo Le Baut, Kei Nguyen et Frida Velasco.

Concepteur des éclairages : Éric Champoux

Concepteur des costumes : Sylvain Genois

Entraîneur vocal et arrangements vocaux : Jason McNally

Accessoiriste: Alain Jenkins

Conception vidéo : SUPPLY AND DEMAND

Directrice de production de création : Kathleen Gagnon

Directeur technique : Louis Héon

Assistantes à la mise en scène : Charlotte Legault et Émilie Bonnavaud

Assistante chorégraphe : Jacinthe Pauzé

Concepteur acrobatique : Stéphane Bayol

Cochorégraphe sur un numéro : Rahmane Belkebiche

Coordonnateur musical : Antoine Seychal

Fabrication du décor : Productions Yves Nicol

Fournisseur de l’équipement technique : Softbox Integration

Adjointe à la direction de production : Béatrice Gingras

Maquillages et coiffures : Virginie Bachand

Assistante au concepteur des costumes : Pascale Bassani

Programmeur aux lumières : David Rondeau

Assistante au directeur technique : Juliette Farcy

Technique vidéo : La Fougue

Entraîneur de voix, diction et interprétation : Luc Bourgeois

Capitaine vocale : Emilie Josset

Entraineuse de danse : Kennedy Henry

Consultant à la fabrication du décor : Étienne Cazabon Boucher

Assistante de production : Zoé Kolic


Du 12 au 14 avril au Grand Rex

https://www.legrandrex.com/evenement/1606

Tarifs : de 35€ à 85€

Durée : 2h avec entracte.


Article : Audrey

14/04/2024

audrey@laruedubac.fr


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