Tomas Miller est heureux: il vient de devenir père. Karen et lui accueillent Marty, leur bébé, après une insémination artificielle. Georgia, la directrice de la clinique, les reçoit pour leur annoncer que Tomas n’est pas le père de l’enfant, mais son oncle. Pourtant, Tomas n’a pas de frère... Après une longue discussion avec sa mère, celle-ci est prête à lui faire des révélations. Malheureusement, lorsqu’il arrive chez elle, il la trouve assassinée. Le plus beau jour de sa vie va se transformer en son pire cauchemar…
Avec « ADN », on retrouve la patte de Sébastien Azzopardi : une mise en scène percutante, qui utilise le théâtre dans son entièreté, incluant pleinement les spectateurs. Cela n’est pas sans nous rappeler avec bonheur « La Dame blanche » qui nous avait particulièrement marqués. Le spectacle commence par une entrée directe dans l’action suivie d’un retour en arrière. Tout au long de la pièce, les comédiens jouent avec le public, les effets visuels se multiplient (mention spéciale pour la voiture de police), les projections servent le propos. Les différents lieux sont figurés en partageant le plateau en divers espaces grâce aux panneaux mobiles pour mettre le focus sur un endroit précis, s’ouvrir afin d’aider à la course poursuite… On est littéralement pris au piège avec Tomas, le personnage principal. Et on en redemande ! Pas une minute de temps mort n’est laissée au spectateur qui se laisse prendre au jeu avec délectation dans ce récit un peu fou.
L’histoire a pour point de départ une naissance et un meurtre. Elle permettra à Tomas de découvrir des secrets de famille enfouis, grâce à une galerie de personnages déjantés (comme Samantha ou la grand-mère de Tomas). Jouant sur les codes du thriller (avec notamment la flic novice qui pose les bonnes questions, le flic bourru rempli de convictions), la pièce emporte le public dans l’enquête et on se surprend à s’interroger sur ce qui a bien pu se passer en réalité. Les autrices, Caroline Ami et Flavie Péan, s’amusent également avec le spectateur en se moquant un peu des rebondissements habituels de ce genre de spectacle. Le second degré est particulièrement présent et cela fonctionne réellement bien puisque l’on rit régulièrement et de bon cœur. Cependant, cela n’empêche pas ce récit de tenir parfaitement la route puisqu’il met en lumière quelque chose dont on parle peu et qui existe pourtant bel et bien. Nous n’en dévoilerons pas davantage et attendez-vous à être surpris jusqu’à la dernière minute. La chute vous tiendra en haleine jusqu’au bout et, comme le dit le personnage principal, « une bonne fin est très importante ».
Les comédiens interprètent plusieurs rôles tout au long de la pièce. Les lumières, les musiques, les changements de costumes et de perruques leur permettent de passer de l’un à l’autre à un rythme effréné avec une grande fluidité. On prend bien évidemment le parti de Tomas, on se révolte contre Georgia, on s’insurge contre Dan, on se perd avec Karen… Chacun apporte sa touche à l’histoire et c’est un véritable bonheur de les voir aussi dynamiques et investis dans leurs caractères. Les comédiens n’hésitent pas à aller au plus près des spectateurs, à interagir avec eux. Ils ne s’économisent pas et s’impliquent entièrement dans le récit.
« ADN » est une pièce étonnante, drôle et pleine d’énergie. Les spectateurs se laisseront complètement transporter dans l’histoire servie par des acteurs pleins de vie et une mise en scène surprenante. A voir absolument !